« Si les Grecs anciens n’ont peut-être achevé aucune science, ils ont posé du moins les fondements de toutes. Et cela paraît surtout vrai de la morale. Peut-être après tout, ce que les Eléments d’Euclide sont à la géométrie de tous les temps, ce que l’Organon d’Aristote est à la logique immuable, l’Ethique à Nicomaque l’est-elle à la morale éternelle. »
Victor Brochard, La morale ancienne et la morale moderne, dans la Revue philosophique, 1901
« Il faut avoir le courage de dire qu’on ne sacrifie jamais un intérêt qu’à un intérêt supérieur, et que le suprême intérêt de l’homme est le suprême bien. »
Victor Brochard, La morale éclectique, dans la Revue philosophique, 1902
« […] il ne paraît pas qu’à observer impartialement les faits, à voir comment les hommes se conduisent les uns envers les autres, soit à l’état primitif, soit dans les circonstances exceptionnelles où le lien social est relâché et où l’état de nature reparaît, l’homme soit naturellement l’ami de l’homme. C’est bien plutôt le contraire qui paraît vrai, et la formule en question est digne de rejoindre les fadaises sentimentales, comme la fameuse maxime que l’homme est bon au sortir des mains de la nature. »
Victor Brochard, La morale éclectique, dans la Revue philosophique, 1902
« Pour tout esprit non prévenu la perfection morale réside bien moins dans la soumission morose et contrainte à une loi abstraite que dans l’élan spontanée de la nature vers le bien et l’accomplissement joyeux de la vertu. Faire le bien non parce qu’on y est forcé, mais parce qu’on l’aime, se sentir porté par un élan du cœur vers le but que la raison découvre, contribuer au bonheur des autres et au bien universel sans autre espoir de récompense que le plaisir même qu’on trouve dans l’action, voilà ce que le sens commun ne comprend peut-être pas aisément, mais ce qu’il n’a jamais refusé d’admirer. Quelques-uns penseront peut-être que cette sorte de dilettantisme moral est la suprême élégance et la suprême vertu. »
Victor Brochard, La morale éclectique, dans la Revue philosophique, 1902
« La religion édicte les commandements de la divinité, la philosophie les motive. »
Victor Brochard, La morale éclectique, dans la Revue philosophique, 1902
« Il est temps de remettre les choses au point, il faut rendre à l’Eglise ce qui est à l’Eglise et à Aristote ce qui est à Aristote. Il faut dénoncer un compromis qui a trop duré et séparer la théologie de la philosophie. Il n’y a, on l’a vu ci-dessus, aucune contradiction, comme l’a si bien montré Spinoza, entre les deux points de vue ; la morale religieuse et la morale philosophique peuvent et doivent être entièrement d’accord dans leur esprit et dans leurs conclusions, elles différent par leur méthode et par leur principe : l’une reposant sur l’idée d’un commandement révélé, l’autre sur l’idée du bien inséparable du bonheur. Mais chacune à sa manière et, selon sa méthode, elles enseignent les mêmes vérités ; elles ont leur domaine distinct et marchent parallèlement sur deux routes différentes. Commencer par les distinguer et parfaire à chacune sa part, c’est peut-être le vrai moyen de faire vivre d’accord les « deux sœurs immortelles ». »
Victor Brochard, La morale éclectique, dans la Revue philosophique, 1902
Voir aussi:
Les Citations de Alexis de Tocqueville
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