« Ce que la Révolution a été moins que tout autre chose, c’est un événement fortuit. Elle a pris, il est vrai, le monde à l’improviste, et cependant elle n’était que le complément du plus long travail, la terminaison soudaine et violente d’une œuvre à laquelle dix générations d’hommes avaient travaillé. Si elle n’eût pas eu lieu, le vieil édifice social n’en serait pas moins tombé partout, ici plus tôt, là plus tard ; seulement il aurait continué à tomber pièce à pièce au lieu de s’effondrer tout à coup. La Révolution a achevé soudainement, par un effort convulsif et douloureux, sans transition, sans précaution, sans égards, ce qui serait achevé peu à peu de soi-même à la longue. Telle fut son œuvre. »
Alexis de Tocqueville, L’ancien régime et la révolution, 1856
«J’appelle révolution servile toute révolution qui se propose un but matériel, indépendamment de tout progrès moral, de toute émancipation spirituelle ou religieuse; et je m’explique ainsi le sort commun de ces entreprises, qui répétées à des époques si différentes, d’Oenus à Athénion, d’Athénion à Spartacus, semblent toujours la même, tant elles sont uniformes par le dénouement. Comme la pensée n’y joue qu’un faible rôle, l’audace n’y est qu’apparente. Bien qu’elles commencent par effrayer le monde, elles sont encore plus épouvantées d’elles-mêmes; car elles ont peur des conquêtes de l’esprit; et par là les plus fières, se mettent aussitôt dans l’incapacité de déplacer une motte de terre. »
Edgar Quinet, Préface des Esclaves, Œuvres Complètes, 1857
« La Révolution française est un bloc, un bloc dont on ne peut rien distraire, parce que la vérité historique ne le permet pas. »
Georges Clemenceau, Discours à la chambre des députés, 1891
« Qu’est-ce que la Révolution ? C’est le suprême effort vers l’entière liberté politique et sociale. »
Jean Jaurès, Interpellation à la Chambre des députés, 4 décembre 1905
« Le triomphe de la Révolution étonna presque tous les contemporains et il semble que les plus intelligents, les plus réfléchis et les plus instruits des choses politiques aient été les plus surpris ; c’est que des raisons tirées de l’idéologie ne pouvaient expliquer ce succès paradoxal. Il me semble qu’aujourd’hui encore la question n’est guère moins obscure pour les historiens qu’elle ne l’était pour nos pères. Il faut chercher la cause première de ce triomphe dans l’économie : c’est parce que l’Ancien Régime a été atteint par des coups rapides, alors que la production était en voie de grands progrès, que le monde contemporain a eu une naissance relativement peu laborieuse et a pu être si rapidement assuré d’une vie puissante. »
Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908
« L’entrepreneur […] est le révolutionnaire de l’économie. »
Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926
« Perdre du temps en l’occurrence, c’est ralentir notre lutte contre le capital privé. C’est là qu’est la tâche principale, la clé essentielle du problème de la révolution et du socialisme. »
Léon Trotsky, Cours Nouveau, Part.IV, 1923
« Le temps est un élément important de la politique, particulièrement à une époque révolutionnaire. Il faut parfois des années et des dizaines d’années pour rattraper des mois perdus. »
Léon Trotsky, Cours Nouveau, Part.V, 1923
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