« Pour comprendre un fait quelconque dans l’évolution d’une société, il faut l’envisager comme la résultante des actions combinées d’individus doués de certaines natures. Donc, avant de comprendre le fait, il faut comprendre la nature des individus, et c’est à quoi nous ne parvenons que très imparfaitement, même au prix de beaucoup de soins et d’efforts. Nos interprétations sont nécessairement automorphiques et cependant l’automorphisme nous induit perpétuellement en erreur. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
« Lorsque nous examinons les obstacles qui s’opposent à la juste interprétation – les phénomènes étant d’un côté et l’intelligence de l’autre – nous pouvons à notre bon plaisir attribuer l’insuccès à. l’insuffisance de l’intelligence ou à la nature compliquée du phénomène. Un obstacle est objectif ou subjectif selon le point de vue auquel nous nous plaçons. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
« La passion fausse le jugement : l’observation est assez rebattue. Mais l’autre observation plus générale, dans laquelle devrait rentrer la première, que toute émotion, quels qu’en soient la nature et le degré, trouble l’équilibre intellectuel, n’est pas rebattue, et ceux-là mêmes qui l’admettent n’en tiennent pas le compte qu’il faudrait. L’énoncé complet de cette vérité est qu’en examinant une proposition quelconque, sauf celles qui nous sont absolument indifférentes et ne nous touchent ni de près ni de loin, nous ne pouvons faire abstraction de nos sympathies et de nos répugnances qui influencent notre opinion. Nos conclusions sont faussées par là de deux manières : l’émotion nous fait tromper d’une part dans notre calcul des probabilités, et d’autre part dans l’estimation de l’importance des faits. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VII, 1878
« On reconnaît bien jusqu’à un certain point que les jugements des hommes sur les questions sociales sont faussés par les émotions, mais on est très loin de le reconnaître d’une manière complète. On ne compte généralement, parmi les facteurs concourant pour une part importante à déterminer l’opinion, que les passions politiques, les haines de classe à classe et les sentiments d’une intensité extrême. Il est cependant nécessaire, ainsi que l’impliquait ce que nous disions tout à l’heure, de tenir compte d’émotions de bien des genres et de tous les degrés, en descendant jusqu’aux petites préférences et aux répugnances légères. En effet, analysons de près nos idées et celles de notre entourage sur les affaires publiques ; nous verrons qu’elles proviennent d’un agrégat de sentiments, bien plus que d’un examen des témoignages. Personne, même en essayant, ne peut empêcher en soi un lent développement de sympathies ou d’antipathies pour telle ou telle institution, coutume, idée, etc.; et en nous observant, nous nous apercevons que chaque nouvelle question qui se présente, est inévitablement considérée par nous dans ses rapports avec un ensemble de convictions qui se sont moulées peu à peu sur nos sympathies et nos antipathies. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VII, 1878
« Quand le lecteur aura admis – ce qu’il fera forcément s’il est sincère avec lui-même – que généralement il n’attend pas d’avoir recueilli des témoignages de première main pour se former une opinion sur un acte ou un projet politique quelconque, et que rarement il prend la peine de rechercher si les témoignages de première main justifieraient l’acte ou le projet en question : alors il verra combien grandes sont les difficultés que suscitent à la sociologie les divers sentiments provoqués par les questions qui font la matière de cette science. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VII, 1878
« L’émotion qui rompt ainsi l’équilibre du jugement gît tout au fond de la nature de l’homme tel qu’il a été et qu’il est encore. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VII, 1878
« Les forces qui sont en lutte dans le monde matériel les, les sentiments qui se combattent dans chaque créature humaine ne produisent jamais un état moyen d’équilibre, mais bien une oscillation entre deux états opposés. Il en est de même des tendances sociales contradictoires qui sont créées par les sentiments des hommes. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VIII, 1878
« Le travail, les entreprises, les inventions, les perfectionnements, tels qu’ils se sont poursuivis dès 1′origine et tels qu’ils se poursuivent maintenant, reposent sur ce principe que, dans une société où il y a beaucoup de besoins non satisfaits, chacun songe à satisfaire ses propres besoins plutôt que ceux des autres. L’activité industrielle est basée là dessus ; ce fait une fois admis, il en résulte nécessairement que l’altruisme absolu dissoudrait l’organisation sociale existante. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.VIII, 1878
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