« De même que la biologie découvre des lois de développement, de structure et de fonction qui s’appliquent à tous les organismes en général, et d’autres qui ne sont applicables qu’à certaines classes ou à certains ordres ; de même, en ce qui concerne le développement, la structure et les fonctions du corps sociale, la science sociale devra établir des principes qui tantôt seront universels, tantôt seulement généraux, tantôt même spéciaux. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.III, 1878
« Il est un fait constant, c’est qu’en matière de société, agrégation est inséparable d’organisation. Prenez une société à l’état rudimentaire, formée de quelques éléments incohérents, vous n’y trouverez ni subordination, ni centre d’autorité. C’est seulement lorsque l’agrégat a pris un peu d’importance et de cohésion que s’établissent des chefs pourvus d’attributions déterminées. Sans une structure gouvernementale forte et durable, dont elle suivra l’évolution, jamais une société n’atteindra un grand développement. Il est indispensable qu’il se fasse une sorte de travail préparatoire destiné à diviser les éléments primitivement homogènes en deux parties distinctes : ceux qui coordonneront et ceux qui seront coordonnées. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.III, 1878
« Les hommes ne s’élèvent à l’état d’agrégat social qu’à la condition de créer entre eux des inégalités quant à l’autorité, et l’action d’une organisation qui rend l’obéissance obligatoire peut seule les faire concourir en qualité de tout à une action commune. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.III, 1878
« Il pourrait se faire que toute mesure législative dût se trouver en accord ou en désaccord avec le cours naturel du développement et du progrès de la nation et qu’il fallût en juger le mérite d’après cette dernière considération plutôt que par des considérations plus familières. En tous cas, nous sommes autorisés à croire, sans encourir le reproche de présomption, que si les modifications que subissent l’organisation de la société et les fonctions sociales sont soumises à des lois, la connaissance de ces lois ne peut manquer d’influer sur notre jugement ; elle nous aidera à discerner ce qui est un progrès et ce qui est un recul, ce qui est désirable, ce qui est faisable, ce qui n’est qu’une utopie. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.III, 1878
« La science sociale rencontre des obstacles plus grands que ceux qui se trouvent sur le chemin de toute autre science; ils proviennent de la nature intrinsèque des faits dont elle s’occupe, de notre nature à nous en tant qu’observateurs de ces faits et de la relation particulière dans laquelle nous sommes placés à l’égard des faits à observer. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.IV, 1878
« Organiser une société ou une agitation quelconque, c’est souvent un moyen de faire son chemin, tout comme d’organiser une compagnie industrielle. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
« En sociologie, on est perpétuellement trompé par des illusions du même genre. Les observateurs sont ordinairement placés vis-à-vis des faits dans une situation qui rend visibles les accidents, les exceptions, les événements à sensation, et qui laisse dans l’ombre les petits faits sans intérêt formant la grande masse. C’est une cause générale d’erreur à laquelle viennent s’ajouter les causes particulières mentionnées plus haut. Toutes ensemble réagissent sur le milieu à. travers lequel nous voyons les faits, le rendent opaque dans certains cas et transparent dans d’autres. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
« Pourtant s’il est une vérité qui crève les yeux quand on fouille les annales du passé, non pour s’amuser aux récits de batailles ou pour se repaître de scandales de cour, mais pour surprendre l’origine et le jeu des lois et des institutions, c’est que bien des générations passent avant qu’on puisse voir ce qui sortira d’une action accomplie. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
« Dans une société qui vit, grandit et se modifie, chaque nouveau facteur devient une force permanente, qui modifie plus ou moins la direction du mouvement déterminé par l’agrégat des forces. La marche des changements sociaux n’est jamais simple et directe ; la combinaison de tant de causes diverses la rend irrégulière, compliquée et toujours rythmique, de sorte que si l’on n’en observe qu’une petite portion, il est impossible de juger de la direction générale. Chaque action sera inévitablement suivie au bout d’un certain temps par quelque réaction, directe ou indirecte, et celle-ci par une contre-réaction ; jusqu’à ce que tous ces effets successifs se soient produits, personne ne peut dire comment le mouvement total sera modifié. Il faut comparer des positions séparées dans le temps par d’immenses intervalles, avant de pouvoir reconnaître avec exactitude la tendance du mouvement. »
Herbert Spencer, Introduction à la Science Sociale, chap.V, 1878
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