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Citations de Georges Sorel

Citations Georges Sorel: « 39 citations de Georges Sorel »

Florilèges citations de Georges Sorel (1847-1922) philosophe, sociologue et théoricien politique français. Il sera ingénieur aux ponts et chaussés jusqu’en 1892, date à laquelle il démissionne de son poste d’ingénieur en chef pour se consacrer à la réflexion politique, économique et sociale. Il collaborera à partir de ce moment à plusieurs revues socialistes. Il y dénonce avec vigueur la décadence de la bourgeoisie capitaliste et formule sous l’influence entre autre de Marx, Proudhon et Nietzsche, un socialisme à caractère éthique. Cependant, Sorel estime que le socialisme véritable n’arrivera à voir le jour que via la prise de pouvoir de la classe ouvrière par la violence et en particulier la grève générale. Il exprimera clairement ce point de vue dans son célèbre ouvrage Réflexions sur la violence, publié en 1908.

« L’aversion de nos contemporains pour toute idée pessimiste provient, sans doute, en bonne partie de notre éducation. Les jésuites qui ont crée presque tout ce que l’Université enseigne encore aujourd’hui étaient optimistes parce qu’ils avaient à combattre le pessimisme qui dominait les théories protestantes, et parce qu’ils vulgarisaient les idées de la Renaissance ; celle-ci interprétait l’antiquité au moyen des philosophes ; et elle s’est trouvée ainsi amenée à si mal comprendre les chefs-d’œuvre de l’art tragique que nos contemporains ont eu beaucoup de peine pour en retrouver la signification pessimiste. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

« Nous sommes ainsi tellement mal préparés à comprendre le pessimisme, que nous employons, le plus souvent, le mot tout de travers : nous nommons, bien à tort, pessimistes des optimistes désabusés. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

« L’optimiste est, en politique, un homme inconstant ou même dangereux, parce qu’il ne se rend pas compte des grandes difficultés que présentent ses projets ; ceux-ci lui semblent posséder une force propre conduisant à leur réalisation d’autant plus facilement qu’ils sont destinés, dans son esprit, à produire plus d’heureux. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

« Le pessimisme est tout autre chose que les caricatures qu’on en présente le plus souvent : c’est une métaphysique des mœurs bien plutôt qu’une théorie du monde ; c’est une conception d’une marche vers la délivrance étroitement liée : d’une part, à la connaissance expérimentale que nous avons acquise des obstacles qui s’opposent à la satisfaction de nos imaginations (ou, si l’on veut, liée au sentiment d’un déterminisme social), – d’autre part, à la conviction profonde de notre faiblesse naturelle. Il ne faut jamais séparer ces trois aspects du pessimisme, bien que dans l’usage on ne tienne guère compte de leur étroite liaison. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

« Il me semble que l’optimisme des philosophes grecs dépend en grande partie de raisons économiques ; il a dû naître dans des populations urbaines, commerçantes et riches, qui pouvaient regarder le monde comme un immense magasin rempli de choses excellentes, sur lesquelles leur convoitise avait la faculté de se satisfaire. J’imagine que le pessimisme grec provient de tribus pauvres, guerrières et montagnardes, qui avaient un énorme orgueil aristocratique, mais dont la situation était par contre fort médiocre ; leurs poètes les enchantaient en leur vantant les ancêtres et leur faisaient espérer des expéditions triomphales conduites par des héros surhumains ; ils leur expliquaient la misère actuelle, en racontant les catastrophes dans lesquelles avaient succombé d’anciens chefs presque divins, par suite de la fatalité ou de la jalousie des dieux ; le courage des guerriers pouvait demeurer momentanément impuissant, mais il ne devait pas toujours l’être ; il fallait demeurer fidèle aux vieilles mœurs pour se tenir prêt à de grandes expéditions victorieuses, qui pouvaient être très prochaines. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

« Si la philosophie du droit naturel s’accorde parfaitement avec la force, elle ne peut se concilier avec les conceptions sur le rôle historique de la violence. Les doctrines scolaires sur le droit naturel s’épuiseraient sur une simple tautologie : le juste est bon et l’injuste est mauvais, si l’on n’avait pas toujours admis implicitement que le juste s’adapte à des actions qui se produisent automatiquement dans le monde : c’est ainsi que les économistes ont longtemps soutenu que les relations créées sous le régime de la concurrence dans le régime capitaliste sont parfaitement justes, comme résultant du cours naturel des choses ; les utopistes ont toujours prétendu que le monde présent n’ait pas assez naturel ; ils ont voulu en conséquence donner un tableau d’une société mieux réglée automatiquement et partant plus juste. »

Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 1907

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