« L’expérience n’apprend que trop combien les maximes politiques, qui ne sont vraies que dans certaines circonstances, deviennent dangereuses, lorsqu’on les prend pour règle générale de conduite ; et personne n’ignore que les projets de ceux qui gouvernent, ne sont défectueux, que parce qu’ils portent sur des principes où l’on ne saisit qu’une partie de ce qu’on devrait embrasser en entier. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.III, 1798
« Les philosophes doivent leur réputation à l’importance des sujets dont il s’occupent plutôt qu’à la manière dont ils les traitent. Peu de personnes sont en droit d’avoir du mépris pour l’aveuglement qui leur fait faire si fréquemment des tentatives au-dessus de leurs forces ; et le commun des hommes les croit grands, parce qu’ils s’appliquent à de grands objets. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.IV, 1798
« Plus les questions que les philosophes agitent, sont difficiles, plus leur réputation est à l’abri. Ils le sentent eux-mêmes ; et, sans trop s’en rendre raison, ils sont portés, comme par instinct, à fouiller parmi les choses que la nature s’efforce de nous cacher. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.IV, 1798
« La philosophie consiste plus à nous méfier assez de nous-mêmes, pour éviter toutes les occasions où notre esprit peut être frappé, qu’à nous flatter que nous serons toujours les maîtres d’écarter les inquiétudes dont l’imagination peut être cause. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.V, 1798
« L’âme change autant par le passage d’une ignorance parfaite à une véritable science, que par celui du plaisir à la douleur. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.VII, 1798
« Que les théologiens ne se bornent-ils à ce que la foi enseigne, et les philosophes à ce que l’expérience apprend ! »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.IX, 1798
« Nous ne tombons dans l’erreur, que parce que nous raisonnons sur des principes dont nous n’avons pas démêlé toutes les idées : dès lors nous ne les saisissons point d’une vue assez nette et assez précise, pour en comprendre la vérité dans toute son étendue, ni pour être en garde contre ce qu’ils ont de vague et d’équivoque. Voilà la véritable cause des erreurs des philosophes et des préjugés du peuple : d’où l’on peut conclure que la fausseté de l’esprit consiste uniquement dans l’habitude de raisonner sur des principes mal déterminés, c’est-à-dire, sur des idées que, dans le vrai, nous n’avons pas, et que nous regardons cependant comme des connaissances premières, qui doivent nous conduire à d’autres. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.XI, 1798
« On est bien près de connaître la méthode qui conduit à la vérité, quand on connaît celle qui en éloigne. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.XI, 1798
« Il faut apporter beaucoup de précaution dans la lecture des philosophes. Le moyen le plus sûr pour être en garde contre leurs systèmes, c’est d’étudier comment ils les ont pu former. Telle est la pierre de touche de l’erreur et de la vérité : remontez à l’origine de l’une et de l’autre, voyez comment elles sont entrées dans l’esprit, et vous les distinguerez parfaitement. C’est une méthode dont les philosophes que je blâme connaissent peu l’usage. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.XIII, 1798
« Chaque gouvernement a des maximes : ou plutôt chaque gouvernement a une allure, qui suppose des maximes que souvent il n’a pas, ou qu’il ne sait pas avoir. Il va à son insu, par habitude ; et, sans se rendre raison de ce qu’il doit faire, il fait comme il a fait. C’est ainsi qu’en général les nations s’aveuglent sur leurs vrais intérêts, et se précipitent les unes sur les autres. L’expérience qui instruit tous les hommes, ne les instruit pas. Rien ne peut donc les instruire. Je ne prétends pas néanmoins qu’il ne faille pas tenter de les éclairer : car la lumière produira toujours quelques bons effets. Elle en produira du moins chez les nations qui auront conservé des mœurs. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.XV, 1798
« Une science bien traitée, est un système bien fait Or, dans un système, il n’y a, en général, que deux choses, les principes et les conséquences. »
Etienne Bonnot de Condillac, Traité des systèmes, chap.XVIII, 1798
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