Arnaud de Cervole, un archiprêtre routier
Périgord, Aquitaine, Provence, Bourgogne, Lorraine, Alsace, la France en devenir est traversée, au XIVème siècle, par les Grandes Compagnies de mercenaires. L’une d’entre elles sert sous le commandement d’Arnaud de Cervole dit l’Archiprêtre. Qui était Arnaud ? Un bandit de grand chemin, une crapule, un vrai chef militaire ou un produit de son époque ?
Des mercenaires
Contrairement à une idée reçue, le Moyen-Âge n’est pas une période de guerres de grande ampleur.La Guerrede Cent Ans n’échappe pas à la règle : elle n’a été qu’une suite de batailles entrecoupée de traités de paix. Pour des raisons idéologiques, ces batailles étaient réservées à des professionnels, soldats et chevaliers. Songeons qu’au cours de cette guerre, la noblesse française fut décimée par deux fois, à Crécy et à Azincourt. Pour ces raisons, les rois de France et d’Angleterre lèvent des compagnies de mercenaires, plus mobiles et plus rapides que les lourdes armées de métier.
L’archiprêtre en campagne
Né aux alentours de 1300 aux confins de la Gascogne et du Périgord, dans une famille de petite noblesse, Arnaud de Cervole est ordonné archiprêtre de Vélines à titre héréditaire. C’est pourtant une autre voie que la religion qu’il va suivre : en 1347, il est reconnu clerc indigne pour brigandage. À la même époque, les chevauchées anglaises, notamment celle du célèbre Prince Noir, ravagent les campagnes gasconnes. Dans les années 1350, l’Archiprêtre rentre au service de Jean II, roi de France et se rend maître de nombreux châteaux et seigneuries.
Une ascension fulgurante
À partir de 1356, après la bataille de Poitiers où Jean II, son protecteur, est fait prisonnier, Arnaud de Cervole met sa compagnie au service d’autres seigneurs. C’est le temps des Routiers, qui se paient aussi sur place, pillant et volant les villages. Ils ravagent la Provence et la Bourgogne, rançonnent le pape en Avignon, sèment la désolation sur leur passage, jusqu’en 1359 où le Dauphin Charles, soucieux de ramener l’ordre dans le royaume de son père toujours captif, confie à l’Archiprêtre plusieurs missions ainsi que la charge de Chambellan. Ce qui n’empêche pas les Routiers de continuer à ravagerla Bourgogne.
Une situation intenable
Jusqu’en 1365, Arnaud de Cervole n’aura de cesse de se prêter au plus offrant, trahissant ses maîtres au service de leurs ennemis, passant d’un camp à l’autre, menant ses troupes à la rapine et au pillage. Pour s’en débarrasser définitivement, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, en accord avec le Pape, le roi de France Charles V et l’Empereur Charles IV, envoie les Routiers en croisade contre les Turcs en Hongrie.
Une fin désastreuse
Las. Les Routiers au commandement de l’Archiprêtre ne dépasseront pas l’Alsace, la ville de Strasbourg leur refusant le passage. La région entière sera livrée à leurs exactions, jusqu’aux Vosges et àla Lorraine. En1366, pourtant, Arnaud rentre au service d’Amédée VI de Savoie qui organise une nouvelle croisade. Le 25 mai, lors d’un différend avec un de ses hommes, il meurt assassiné.
Si la Guerre de Cent Ans a été le point d’orgue des Grandes Compagnies de mercenaires, le pillage et la mise à sac des campagnes, des villages et des villes est une constante au Moyen-Âge. Que l’on pense aux invasions du IXème siècle ou aux lansquenets de Charles Quint lors de la prise de Rome. Une norme en un temps où la force est glorifiée.
SC pour SavoiretCulture.com