Jeudi novembre 21st 2024

Catégories

Histoire et Origine de l’expression : « Tomber de Charybde en Scylla »

L’Histoire et l’Origine de l’expression : « Tomber de Charybde en Scylla »

La langue française est particulièrement riche en expressions imagées, parfois poétiques, cocasses, parfois légèrement triviales… Quoiqu’il en soit, ces formules toutes faites n’en demeurent pas moins souvent énigmatiques, et leur étymologie renvoie essentiellement à des anecdotes anciennes ou, plus prestigieux, à des

Vase grec représentant Scylla

mythes et des légendes antiques.

Si elle est couramment employée depuis le XIVème siècle, après avoir été inaugurée par Jean de la Fontaine dans la fable de La Vieille et les deux Servantes, l’expression « tomber de Charybde en Scylla », qui désigne le fait d’éviter un danger pour finalement se retrouver dans un péril plus important encore, trouve son origine dans la mythologie grecque.

Charybde, la créature affamée

Fille de Poséidon et de Gaïa, respectivement dieu des mers et déesse de la terre, Charybde est présentée comme une créature perpétuellement affamée, et dont l’appétit ira jusqu’à causer la perte : Zeus la foudroya pour avoir volé puis dévoré une grande partie du bétail appartenant à Héraclès (plus connu sous le nom de Hercule, fils de Zeus et d’Alcmène), la transforma en gouffre marin et l’expédia au fond du détroit de Messine. Cette nouvelle situation lui permit de s’adonner à sa gloutonnerie meurtrière, avalant et régurgitant trois fois par jour les malheureux marins et poissons qui naviguent sur ses eaux.

Scylla, l’ancienne nymphe

Scylla désigne quant à elle un monstre marin terrifiant, tour à tour représentée comme une hydre répugnante aux visages et aux membres multiples et difformes, ou comme une créature entourée de chiens hurlants et de serpents mortels. Autrefois nymphe d’une grande beauté résidant près du détroit de Messine, elle a attiré la convoitise du dieu marin Glaucos qui, soucieux de la séduire, demanda à la magicienne Circé de lui concocter un philtre d’amour. Cette dernière, éprise de Glaucos et jalouse de la nymphe, remplaça le philtre par un poison. L’amoureux, inconscient de la manipulation, versa la potion dans la fontaine dans laquelle Scylla avait pour habitude de se baigner, provoquant sa terrible transformation. Révulsée par sa nouvelle apparence, la nymphe meurtrie décida de disparaître en mer et de terroriser les navigateurs en guise de vengeance.

Le mythe de Charybde et de Scylla a notamment été évoqué dans l’Enéide de Virgile et dans l’Odyssée d’Homère, durant laquelle Ulysse est amené à traverser le détroit maudit et, par conséquent, à trouver une astuce pour éviter les deux créatures, aussi menaçante l’une que l’autre. Les marins contraints de passer par ce détroit devaient donc faire face à ce dilemme : passer par le tourbillon de Charybde ou le récif Scylla, tout aussi dangereux l’un que l’autre.

SC pour Savoiretculture.com

Réagir à cet article ?