Mercredi octobre 30th 2024

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Malherbe: Sus, debout, la merveille des belles !

Malherbe: Sus, debout, la merveille des belles ! – 1627

François de Malherbe ne se contenta pas de célébrer les événements marquants de son époque ; il s’essaya aussi au lyrisme amoureux, comme le montre cette Chanson, parue en 1627 dans un recueil de vers. Les thèmes de la nature et de la jeunesse trop vite enfuie sont inspirés de la Pléiade. Malherbe les discipline ici dans une suite de strophes d’une très belle symétrie.

Sus, debout, la merveille des belles ! – 1627

Sus, debout, la merveille des belles !

Allons voir sur les herbes nouvelles

Luire un émail dont la vive peinture

Défend à l’art d’imiter la nature.

 

L’air est plein d’une haleine de roses,

Tous les vents tiennent leurs bouches closes ;

Et le soleil semble sortir de l’onde

Pour quelque amour plus que pour luire au monde.

 

On dirait, à lui voir sur la tête

Ses rayons comme un chapeau de fête,

Qu’il s’en va suivre en si belle journée

Encore un coup la fille de Pénée.

 

Toute chose aux délices conspire,

Mettez-vous en votre humeur de rire ;

Les soins profonds d’où les rides nous viennent

À d’autres ans qu’aux vôtres appartiennent.

 

Il fait chaud, mais un feuillage sombre

Loin du bruit nous fournira quelque ombre,

Où nous ferons parmi les violettes,

Mépris de l’ambre et de ses cassolettes.

 

Près de nous, sur les branches voisines

Des genêts, des houx et des épines,

Le rossignol, déployant ses merveilles,

Jusqu’aux rochers donnera des oreilles.

 

Et peut-être à travers des fougères

Verrons-nous, de bergers à bergères,

Sein contre sein, et bouche contre bouche,

Naître et finir quelque douce escarmouche.

 

C’est chez eux qu’Amour est à son aise ;

II y saute, il y danse, il y baise,

Et foule aux pieds les contraintes serviles

De tant de lois qui le gênent aux villes.

 

Ô qu’un jour mon âme aurait de gloire

D’obtenir cette heureuse victoire,

Si la pitié de mes peines passées,

Vous disposait à semblables pensées !

 

Votre honneur, le plus vain des idoles,

Vous remplit de mensonges frivoles :

Mais quel esprit que la raison conseille,

S’il est aimé, ne rend point la pareille ?

 

François de Malherbe, Chanson, 1627

Voir aussi:

Les sonnets de Joachim du Bellay

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