Mercredi octobre 30th 2024

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Louise Labé: Sonnets VIII

Les sonnets écrient par Louise Labé semblent doublement émancipés : à l’égard des modèles « pétrarquisants » de l’époque, comme à celui de l’inspiration classique d’un amour où la femme se figerait, offerte au désir masculin. Aimée autant qu’amante, « muse » autant que partenaire, dans une langue qui est à la fois gracieuse, pure et vibrante, elle abreuve ses vers, des cris et gémissements d’une passion débordante. « Je vis, je meurs… » est l’un des plus célèbres poèmes de Louise Labé.

 

« Je vis, je meurs… »

 

Louise Labé, Sonnets VIII, 1555

 

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noye,

J’ai chaud extrême en endurant froidure ;

La vie m’est et trop molle et trop dure ;

J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

 

Tout à un coup1 je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief2 tourment j’endure ;

Mon bien s’en va, et à jamais il dure :

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

 

Ainsi Amour inconstamment me mène :

Et quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

 

Puis quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur3,

Il me remet en mon premier malheur.

 

1 : En même temps / 2 : Pénible / 3 : Bonheur

Voir aussi: « Tant que mes yeux… » de Louise Labé

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