« Le mot ne peut rien sans l’idée, pas plus que le diamant le mieux taillé ne peut briller dans une obscurité complète sans un rayon de lumière reflété par ses facettes; l’idée est la lumière du mot. L’idée est nécessaire à l’émotion même et à la sensation pour les empêcher d’être banales et usées. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« L’art est ainsi une condensation de la réalité; il nous montre toujours la machine humaine sous une plus haute pression. Il cherche à nous représenter plus de vie encore qu’il n’y en a dans la vie vécue par nous. L’art, c’est de la vie concentrée, qui subit dans cette concentration les différences du caractère des génies. Le monde de l’art est toujours de couleur plus éclatante que celui de la vie : l’or et l’écarlate y dominent avec les images sanglantes ou, au contraire, amollissantes, extraordinairement douces. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« Tout art est un effort pour reproduire en perfectionnant. L’art primitif essayait d’embellir la réalité; il la faussait souvent; l’art moderne essaie de l’approfondir. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« Être artiste, c’est voir selon une perspective, et conséquemment avoir un centre de perspective intérieur et original, ne pas être placé au même point que le premier venu pour regarder les choses. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« L’artiste entend la nature à demi-mot; ou plutôt; c’est elle-même qui s’entend en lui. L’art exprime ce que la nature ne fait que bégayer. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« La tâche du romancier étant précisément de représenter la société sous le jour où tous la voient, il ne peut se maintenir dans une complète ignorance scientifique, en retard sur ses contemporains : il ne saurait les intéresser à ce prix; mais d’autre part il ne doit pas se montrer plus savant qu’eux; il ne saurait davantage les intéresser. Un roman est un miroir qui reflète ce que nous voyons, non ce que nous ne voyons point encore. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie II , 1887
« La science n’a d’autre but qu’elle-même; rien n’existe pour elle en dehors du résultat obtenu, l’homme ne compte qu’en tant que moyen, mis de côté dès qu’il cesse d’être utile : il ne ferait que retarder, embarrasser sa marche; le roman au contraire tout entier tourné vers l’homme, ne verra l’œuvre de l’homme qu’à travers ses efforts. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie II , 1887
« Avoir une conviction n’est pas, en effet, sans importance, même au pur point de vue esthétique; car une conviction imprime, une certaine unité à la pensée, une convergence vers un but, conséquemment un ordre, une mesure. En même temps une conviction est le principe de la sincérité, de la vérité, qui est l’essentiel même de l’art, le seul moyen de produire l’émotion et d’éveiller la sympathie. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie II , 1887
« Rechercher l’art pour lui-même, ce n’est donc pas rechercher exclusivement l’art pour sa forme; c’est l’aimer aussi pour le fond qu’il enveloppe. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie II , 1887
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