« L’idée pratique la plus durable qu’on trouve au fond de l’esprit religieux, comme au fond des tentatives de réforme sociale, est l’idée d’association. À l’origine, nous l’avons vu, la religion est essentiellement sociologique, par sa conception de “la société des dieux et des hommes”. Ce qui subsistera des diverses religions dans l’irréligion future, c’est cette idée que le suprême idéal de l’humanité, et même de la nature, consiste dans l’établissement de rapports sociaux toujours plus étroits entre les êtres. »
Jean-Marie Guyau, L’Irréligion de l’avenir, 1886
« Comme la morale, l’art a pour dernier résultat d’enlever l’individu à lui-même et de l’identifier avec tous. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, préface, 1887
« Le but de la religion est donc la satisfaction effective, pratique, de tous nos désirs d’une vie idéale, bonne et heureuse à la fois, – satisfaction projetée dans un temps à venir ou dans l’éternité. Le but de l’art, au contraire, est la réalisation immédiate en pensée et en imagination, et immédiatement sentie, de tous nos rêves de vie idéale, de vie intense et expansive, de vie bonne, passionnée, heureuse, sans autre loi ou règle que l’intensité même et l’harmonie nécessaires pour nous donner l’actuel sentiment de la plénitude dans l’existence. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, préface, 1887
« Rien de plus délicat que les questions de frontières; elles amènent la guerre entre les peuples. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« L’agréable devient beau à mesure qu’il enveloppe plus de solidarité et de sociabilité entre toutes les parties de notre être et tous les éléments de notre conscience, à mesure qu’il est plus attribuable à ce nous qui est dans le moi. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« […] le sentiment du beau, c’est la jouissance immédiate d’une vie plus intense et plus harmonieuse, dont la volonté saisit immédiatement l’intensité et dont l’intelligence perçoit immédiatement l’harmonie. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« L’utile n’est beau que par l’élément intellectuel de finalité aperçue et par l’élément sensible de satisfaction éprouvée d’avance; il est une anticipation de l’agréable par la perception d’un ensemble de moyens bien ordonnés pour cette fin; il satisfait donc l’intelligence et la volonté, et il peut aussi, dès à présent, satisfaire la sensibilité; quand ce triple résultat se produit, quand l’utile nous transporte d’avance au terme et au but, la finalité devient beauté. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« Pour goûter un paysage, il faut s’harmoniser avec lui. Pour comprendre le rayon de soleil, il faut vibrer avec lui ; il faut aussi, avec le rayon de lune, trembler dans l’ombre du soir; il faut scintiller avec tes étoiles bleues ou dorées; il faut, pour comprendre la nuit, sentir passer sur nous le frisson des espaces obscurs, de l’immensité vague et inconnue. Pour sentir le printemps, il faut avoir au cœur un peu de la légèreté de l’aile des papillons, dont nous respirons la fine poussière répandue en quantité appréciable dans l’air printanier. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
« Pour comprendre un paysage, nous devons l’harmoniser avec nous-même, c’est-à-dire l’humaniser. Il faut animer la nature, sans quoi elle ne nous dit rien. Notre œil a une lumière propre, et il ne voit que ce qu’il éclaire de sa clarté. »
Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique, Partie I , 1887
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